Le Corbeau - Traduction S. Mallarmé



Poème d'Edgar Allan Poe, traduit par Stéphane Mallarmé.








Le Corbeau




Une fois, par un minuit lugubre, tandis que je m'appesantissait, faible et fatigué, sur maint curieux et bizarre volume de savoir oublié - tandis que je dodelinais de la tête, somnolant presque, soudain se fit un heurt, comme de quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre, - cela seul et rien de plus.

Ah! distinctement je me souviens que c'était en le glacial Décembre: et chaque tison, mourant isolé, ouvrageait son spectre sur le sol. Ardemment je souhaitais le jour; - vainement j'avais cherché d'emprunter à mes livres un sursis au chagrin de la Lénore perdue - de la rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore, - de nom! pour elle ici, non, jamais plus!

Et de la soie l'incertain et triste bruissement en chaque rideau purpural me traversait - m'emplissait de fantastiques terreurs pas senties encore: si bien que, pour calmer le battement de mon coeur, je demeurais maintenant à répéter: "C'est quelque visiteur qui sollicite l'entrée, à la
porte de ma chambre - quelque visiteur qui sollicite l'entrée à la porte de ma chambre, c'est cela et rien de plus."

Mon âme se fit subitement plus forte et, n'hésitant davantage: "Monsieur, dis-je, ou Madame, j'implore véritablement votre pardon; mais le fait est que je somnolais, et vous vîntes si doucement frapper, et si faiblement vous vîntes heurter, heurter à la porte de ma chambre, que j'étais à peine sûr de vous avoir entendu." Ici j'ouvris grande la porte: les ténèbres et rien de plus.

Loin dans l'ombre regardant, je me tins longtemps à douter, m'étonner et craindre, à rêver des rêves qu'aucun mortel n'avait oser rêver encore; mais le silence ne se rompit point et la quiétude ne donna de signe; et le seul mot qui se dit, fut le mot chuchoté "Léonore!" Je le chuchotai - et un
écho murmura de retour le mot "Léonore!" purement cela et rien de plus.

Rentrant dans la chambre, toute l'âme en feu, j'entendis bientôt un heurt en quelque sorte plus fort qu'auparavant. "Sûrement, dis-je, sûrement c'est quelque chose à la persienne de ma fenêtre. Voyons donc ce qu'il y a et explorons ce mystère - que mon coeur se calme un moment et explore ce mystère: c'est le vent et rien de plus."

Au large je poussai le volet, quand, avec maints enjouement et agitation d'ailes, entra un majestueux corbeau des saints jours de jadis. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s'arrêta ni n'hésita un instant; mais, avec une mine de lord ou de lady, se percha au-dessus de la porte de ma chambre - se percha sur un buste de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre - se percha, siégea et rien de plus.

Alors cet oiseau d'ébène induisant ma triste imagination au sourire, par le grave et sévère décorum de la contenance qu'il eut: "Quoique ta tête soit chue et rase, non! dis-je, tu n'es pas, pour sûr, un poltron, spectral, lugubre et ancien Corbeau, errant loin du rivage de Nuit - dis-moi quel est
ton nom seigneurial au rivage plutonien de Nuit." Le Corbeau dit: "Jamais plus."

Je m'émerveillai fort d'entendre ce disgracieux volatile s'énoncer aussi clairement, quoique sa réponse n'eût que peu de sens et peu d'à-propos: car on ne peut s'empêcher de convenir que nul homme vivant n'eut encore l'heur de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre - avec un nom tel que "Jamais plus."

Mais le Corbeau perché solitairement sur ce buste placide, parla ce seul mot comme si mon âme, en ce seul mot, il la répandait. Je ne proférai donc rien de plus; il n'agita donc pas de plume, - jusqu'à ce que je fis à peine davantage que marmotter: "D'autres amis déjà ont pris leur vol, - demain il me laissera comme mes espérances déjà ont pris leur vol." Alors l'oiseau dit: "Jamais plus."

Tressaillant au calme rompu par une réplique si bien parlée: "Sans doute, dis-je, ce qu'il profère est tout son fonds et son bagage, pris à quelque malheureux maître que l'impitoyable Désastre suivit de près et de très près suivit jusqu'à ce que ses chansons comportassent un unique refrain; jusqu'à ce que les chants funèbres de son Espérance comportassent le mélancolique refrain de: "Jamais - jamais plus."

Le Corbeau induisant toute ma triste âme encore au sourire, je roulai soudain un siège à coussins en face de l'oiseau, et du buste, et de la porte; et m'enfonçant dans le velours, je me pris à enchaîner songerie à songerie, pensant à ce que cet augural oiseau de jadis, - à ce que ce sombre, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau de jadis signifiait en croassant: "Jamais plus."

Cela, je m'assis occupé à le conjecturer, mais n'adressant pas une syllabe à l'oiseau dont les yeux de feu brûlaient, maintenant, au fond de mon sein; cela et plus encore, je m'assis pour le deviner, ma tête reposant à l'aise sur la housse de velours des coussins que dévorait la lumière de la lampe, housse violette de velours qu'Elle ne pressera plus, ah! jamais plus.
L'air, me sembla-t-il, devint alors plus dense, parfumé selon un encensoir invisible balancé par les Séraphins dont le pied, dans sa chute, tintait sur l'étoffe du parquet. "Misérable! m'écriai-je, ton Dieu t'a prêté - il t'a envoyé par ses anges le répit - le répit et le népenthés dans ta mémoire de Lénore! Bois! oh! bois ce bon népenthés et oublie cette Lénore perdue!" Le Corbeau dit: "Jamais plus!"

"Prophète, dis-je, être de malheur! prophète, oui, oiseau ou démon! Que si le Tentateur t'envoya ou la tempête t'échoua vers ces bords, désolé et encore tout indompté, vers cette déserte terre enchantée - vers ce logis par l'horreur hanté: dis-moi véritablement, je t'implore! y a-t-il du baume en Judée? Dis-moi, je t'implore." Le Corbeau dit: "Jamais plus!"

"Prophète, dis-je, être de malheur, prophète, oui, oiseau ou démon! Par les cieux sur nous épars - et le Dieu que nous adorons tous deux - dis à cette âme de chagrin chargée si, dans le distant Eden, elle doit embrasser une jeune fille sanctifiée que les anges nomment Lénore, - embrasser une rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore." Le Corbeau dit: "Jamais plus!"

"Que ce mot soit le signal de notre séparation, oiseau ou malin esprit," hurlai-je en me dressant. "Recule en la tempête et le rivage plutonien de Nuit! Ne laisse pas une plume noire ici comme un gage du mensonge qu'a proféré ton âme. Laisse inviolé mon abandon! quitte le buste au-desus de ma porte! ôte ton bec de mon coeur et jette ta forme loin de ma porte!" Le Corbeau dit: "Jamais plus!"

Et le Corbeau, sans voleter, siège encore, - siège encore sur le buste pallide de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre, et ses yeux ont toute la semblance des yeux d'un démon qui rêve, et la lumière de la lampe, ruisselant sur lui, projette son ombre à terre: et mon âme, de cette ombre qui gît flottante à terre, ne s'élèvera - jamais plus.





E.A. Poe, Le Corbeau, traduction Stéphane Mallarmé, illustration par Edouard Manet, Paris : Richard Lesclide, 1875.






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Posted at krachcarls 7/23/2009 02:00:00 PM on by Publié par C. Huk | 0 commentaires | Filed under: , , ,

Le Corbeau - Traduction C. Baudelaire




Poème d'Edgar Allan Poe, traduit par Charles Baudelaire.










Le Corbeau





Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre. « C’est quelque visiteur, – murmurai-je, – qui frappe à la porte de ma chambre ; ce n’est que cela et rien de plus. »

Ah ! distinctement je me souviens que c’était dans le glacial décembre, et chaque tison brodait à son tour le plancher du reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin ; en vain m’étais-je efforcé de tirer de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore, – et qu’ici on ne nommera jamais plus.

Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait, me remplissait de terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu’à ce jour ; si bien qu’enfin pour apaiser le battement de mon cœur, je me dressai, répétant : « C’est quelque visiteur attardé sollicitant l’entrée à la porte de ma chambre ; – c’est cela même, et rien de plus. »

Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N’hésitant donc pas plus longtemps : « Monsieur, dis-je, ou madame, en vérité, j’implore votre pardon ; mais le fait est que je sommeillais et vous êtes venu frapper si doucement, si faiblement vous êtes venu frapper à la porte de ma chambre, qu’à peine étais-je certain de vous avoir entendu. » Et alors j’ouvris la porte toute grande ; – les ténèbres, et rien de plus.

Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d’étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves qu’aucun mortel n’a jamais osé rêver ; mais le silence ne fut pas troublé, et l’immobilité ne donna aucun signe, et le seul mot proféré fut un nom chuchoté : « Lénore ! » – C’était moi qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot : « Lénore ! » Purement cela, et rien de plus.

Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme incendiée, j’entendis bientôt un coup un peu plus fort que le premier. « Sûrement, – dis-je, – sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre ; voyons donc ce que c’est, et explorons ce mystère. Laissons mon cœur se calmer un instant, et explorons ce mystère ; – c’est le vent, et rien de plus. »

Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d’ailes, entra un majestueux corbeau digne des anciens jours. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta pas, il n’hésita pas une minute ; mais avec la mine d’un lord ou d’une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre ; il se percha sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma chambre ; – il se percha, s’installa, et rien de plus.

Alors, cet oiseau d’ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste imagination à sourire : « Bien que ta tête, – lui dis-je, – soit sans huppe et sans cimier, tu n’es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la nuit plutonienne ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si facilement la parole, bien que sa réponse n’eût pas un bien grand sens et ne me fût pas d’un grand secours ; car nous devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre, un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre, se nommant d’un nom tel que – Jamais plus !

Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique, comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme. Il ne prononça rien de plus ; il ne remua pas une plume, – jusqu’à ce que je me prisse à murmurer faiblement : « D’autres amis se sont déjà envolés loin de moi ; vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées. » L’oiseau dit alors : « Jamais plus ! »

Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec tant d’à-propos : Sans doute, – dis-je, – ce qu’il prononce est tout son bagage de savoir, qu’il a pris chez quelque maître infortuné que le Malheur impitoyable a poursuivi ardemment, sans répit, jusqu’à ce que ses chansons n’eussent plus qu’un seul refrain, jusqu’à ce que le De profundis de son Espérance eût pris ce mélancolique refrain : « Jamais – jamais plus ! »

Mais le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège à coussins en face de l’oiseau et du buste et de la porte ; alors, m’enfonçant dans le velours, je m’appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce que ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours voulait faire entendre en croassant son – Jamais plus !

Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais n’adressant plus une syllabe à l’oiseau, dont les yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu’au fond du cœur : je cherchai à deviner cela, et plus encore, ma tête reposant à l’aise sur le velours du coussin que caressait la lumière de la lampe, ce velours violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête, à Elle, ne pressera plus, – ah ! jamais plus !

Alors, il me sembla que l’air s’épaississait, parfumé par un encensoir invisible que balançaient les séraphins dont les pas frôlaient le tapis de ma chambre. « Infortuné ! – m’écriai-je, – ton Dieu t’a donné par ses anges, il t’a envoyé du répit, du répit et du népenthès dans tes ressouvenirs de Lénore ! Bois, oh ! bois ce bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue ! » Le corbeau dit : «Jamais plus ! »

« Prophète ! – dis-je, – être de malheur ! oiseau ou démon ! mais toujours prophète ! que tu sois un envoyé du Tentateur, ou que la tempête t’ait simplement échoué, naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte, ensorcelée, dans ce logis par l’Horreur hanté, – dis-moi sincèrement, je t’en supplie, existe-t-il, existe-t-il ici un baume de Judée ? Dis, dis, je t’en supplie ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète ! – dis-je, – être de malheur ! oiseau ou démon ! toujours prophète ! par ce ciel tendu sur nos têtes, par ce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme chargée de douleur si, dans le Paradis lointain, elle pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment Lénore, embrasser une précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore. » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Que cette parole soit le signal de notre séparation, oiseau ou démon ! – hurlai-je en me redressant. – Rentre dans la tempête, retourne au rivage de la nuit plutonienne ; ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir du mensonge que ton âme a proféré ; laisse ma solitude inviolée ; quitte ce buste au-dessus de ma porte ; arrache ton bec de mon cœur et précipite ton spectre loin de ma porte ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

Et le corbeau, immuable, est toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve ; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher ; et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne pourra plus s’élever, – jamais plus !





E.A. Poe, "Le Corbeau", in Histoires extraordinaires, traduction par Charles Baudelaire, Paris : A. Quantin , 1884.






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Posted at krachcarls 7/21/2009 12:39:00 PM on by Publié par C. Huk | 0 commentaires | Filed under: , , ,

The Raven




Poem by Edgar Allen Poe, First published in 1845.










The Raven






Once upon a midnight dreary, while I pondered weak and weary,
Over many a quaint and curious volume of forgotten lore,
While I nodded, nearly napping, suddenly there came a tapping,
As of some one gently rapping, rapping at my chamber door.
`'Tis some visitor,' I muttered, `tapping at my chamber door -
Only this, and nothing more.'

Ah, distinctly I remember it was in the bleak December,
And each separate dying ember wrought its ghost upon the floor.
Eagerly I wished the morrow; - vainly I had sought to borrow
From my books surcease of sorrow - sorrow for the lost Lenore -
For the rare and radiant maiden whom the angels named Lenore -
Nameless here for evermore.

And the silken sad uncertain rustling of each purple curtain
Thrilled me - filled me with fantastic terrors never felt before;
So that now, to still the beating of my heart, I stood repeating
`'Tis some visitor entreating entrance at my chamber door -
Some late visitor entreating entrance at my chamber door; -
This it is, and nothing more,'

Presently my soul grew stronger; hesitating then no longer,
`Sir,' said I, `or Madam, truly your forgiveness I implore;
But the fact is I was napping, and so gently you came rapping,
And so faintly you came tapping, tapping at my chamber door,
That I scarce was sure I heard you' - here I opened wide the door; -
Darkness there, and nothing more.

Deep into that darkness peering, long I stood there wondering, fearing,
Doubting, dreaming dreams no mortal ever dared to dream before
But the silence was unbroken, and the darkness gave no token,
And the only word there spoken was the whispered word, `Lenore!'
This I whispered, and an echo murmured back the word, `Lenore!'
Merely this and nothing more.

Back into the chamber turning, all my soul within me burning,
Soon again I heard a tapping somewhat louder than before.
`Surely,' said I, `surely that is something at my window lattice;
Let me see then, what thereat is, and this mystery explore -
Let my heart be still a moment and this mystery explore; -
'Tis the wind and nothing more!'

Open here I flung the shutter, when, with many a flirt and flutter,
In there stepped a stately raven of the saintly days of yore.
Not the least obeisance made he; not a minute stopped or stayed he;
But, with mien of lord or lady, perched above my chamber door -
Perched upon a bust of Pallas just above my chamber door -
Perched, and sat, and nothing more.

Then this ebony bird beguiling my sad fancy into smiling,
By the grave and stern decorum of the countenance it wore,
`Though thy crest be shorn and shaven, thou,' I said, `art sure no craven.
Ghastly grim and ancient raven wandering from the nightly shore -
Tell me what thy lordly name is on the Night's Plutonian shore!'
Quoth the raven, `Nevermore.'

Much I marvelled this ungainly fowl to hear discourse so plainly,
Though its answer little meaning - little relevancy bore;
For we cannot help agreeing that no living human being
Ever yet was blessed with seeing bird above his chamber door -
Bird or beast above the sculptured bust above his chamber door,
With such name as `Nevermore.'

But the raven, sitting lonely on the placid bust, spoke only,
That one word, as if his soul in that one word he did outpour.
Nothing further then he uttered - not a feather then he fluttered -
Till I scarcely more than muttered `Other friends have flown before -
On the morrow he will leave me, as my hopes have flown before.'
Then the bird said, `Nevermore.'

Startled at the stillness broken by reply so aptly spoken,
`Doubtless,' said I, `what it utters is its only stock and store,
Caught from some unhappy master whom unmerciful disaster
Followed fast and followed faster till his songs one burden bore -
Till the dirges of his hope that melancholy burden bore
Of "Never-nevermore."'

But the raven still beguiling all my sad soul into smiling,
Straight I wheeled a cushioned seat in front of bird and bust and door;
Then, upon the velvet sinking, I betook myself to linking
Fancy unto fancy, thinking what this ominous bird of yore -
What this grim, ungainly, ghastly, gaunt, and ominous bird of yore
Meant in croaking `Nevermore.'

This I sat engaged in guessing, but no syllable expressing
To the fowl whose fiery eyes now burned into my bosom's core;
This and more I sat divining, with my head at ease reclining
On the cushion's velvet lining that the lamp-light gloated o'er,
But whose velvet violet lining with the lamp-light gloating o'er,
She shall press, ah, nevermore!

Then, methought, the air grew denser, perfumed from an unseen censer
Swung by Seraphim whose foot-falls tinkled on the tufted floor.
`Wretch,' I cried, `thy God hath lent thee - by these angels he has sent thee
Respite - respite and nepenthe from thy memories of Lenore!
Quaff, oh quaff this kind nepenthe, and forget this lost Lenore!'
Quoth the raven, `Nevermore.'

`Prophet!' said I, `thing of evil! - prophet still, if bird or devil! -
Whether tempter sent, or whether tempest tossed thee here ashore,
Desolate yet all undaunted, on this desert land enchanted -
On this home by horror haunted - tell me truly, I implore -
Is there - is there balm in Gilead? - tell me - tell me, I implore!'
Quoth the raven, `Nevermore.'

`Prophet!' said I, `thing of evil! - prophet still, if bird or devil!
By that Heaven that bends above us - by that God we both adore -
Tell this soul with sorrow laden if, within the distant Aidenn,
It shall clasp a sainted maiden whom the angels named Lenore -
Clasp a rare and radiant maiden, whom the angels named Lenore?'
Quoth the raven, `Nevermore.'

`Be that word our sign of parting, bird or fiend!' I shrieked upstarting -
`Get thee back into the tempest and the Night's Plutonian shore!
Leave no black plume as a token of that lie thy soul hath spoken!
Leave my loneliness unbroken! - quit the bust above my door!
Take thy beak from out my heart, and take thy form from off my door!'
Quoth the raven, `Nevermore.'

And the raven, never flitting, still is sitting, still is sitting
On the pallid bust of Pallas just above my chamber door;
And his eyes have all the seeming of a demon's that is dreaming,
And the lamp-light o'er him streaming throws his shadow on the floor;
And my soul from out that shadow that lies floating on the floor
Shall be lifted - nevermore!





E.A. Poe, "The Raven", in The American Review, New York : Wiley and Putnam, 1845, p. 143-145.

Illustration par Gustave Doré (1884)







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Posted at krachcarls 7/21/2009 11:47:00 AM on by Publié par C. Huk | 0 commentaires | Filed under: , ,

"Tout l'art est érotique."




Le titre de cet article est une citation de feu Gustav Klimt (14 juillet 1862 - 6 février 1918), artiste peintre autrichien il est l'une des figures de proue de l'Art nouveau viennois.
Voila tout pour sa biographie, d'autres sites l'ont déjà faite - comme ceux figurant sur la liste non exhaustive ci dessous - et l'objet ici concerne une sélection picturale puisée parmi ses œuvres les moins célèbres.








Sites :

http://cybermuse.gallery.ca/cybermuse/docs/bio_artistid2943_f.jsp


http://www.artnet.com/Galleries/Artists_detail.asp?G=&gid=647&which=&aid=9589&ViewArtistBy=online&rta=http://www.artnet.com

http://www.ibiblio.org/wm/paint/auth/klimt/

http://www.iklimt.com/




Bibliographie :

Baümer Angelika, Klimt et la représentation des femmes, Vanves : Hazan, 2001.

Di Stefano Eva, Gustav Klimt : Art Nouveau Visionary, New York : Sterling, 2008.

Weidinger Alfred et al., Gustav Klimt, Paris : Citadelles et Mazenod, 2008.

Whitford Frank, Klimt, London : Thames & Hudson, 1990.




Filmographie :

GUSTAV KLIMT : PAPIERS EROTIQUES, C. Guyonnet, 2005.

KLIMT, R Ruiz, 2006.

KLIMT, SCHIELE, MOSER, KOKOSCHKA, VIENNE 1900, V. Manuel, 2005.







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Posted at krachcarls 7/20/2009 03:52:00 PM on by Publié par C. Huk | 0 commentaires | Filed under: , ,

Thanks for your hot pussy.








Voici un groupe au son grinçant et sale qui fleur bon le vieux punk binaire. Il se compose d'un binôme homme/femme. Les dénommés Simon (a.k.a. "Von Klinkerhoffen") à la guitare puis Akiko (a.k.a. "Exccedingly Good Keex") à la batterie et au chant.
Attention, je vois germer dans vos cerveaux vifs - enfin, pour la plupart - la comparaison facile au White Stripes du couillu Jack White et de sa soeur/ex-épouse (je n'y comprend rien) Meg White. Hormis la structure presque équivalente le seul autre rapprochement possible se situe dans leur simplicité respective.

Ici, les compositions se font sans accords complexes, les paroles sont une succession de pulsions régressives - ça ne parle presque que de "fuck", "pussy" et "death"-, le chant se résume principalement à des cris gutturaux et hantés, le jeux de scène quand à lui est apoplectique et complètement schizophrène.

Pour résumer, c'est effectivement simple mais avec éloquence et charisme.











Voici quelques liens vers leurs sites :

http://www.comanechi.com

http://www.myspace.com/comanechi

http://exceedinglygoodkeex.blogspot.com





Singles
Comanechi

"Crime Of Love"
, "Death of You"
Rough Trade






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Posted at krachcarls 7/19/2009 10:13:00 PM on by Publié par C. Huk | 0 commentaires | Filed under: , , , , ,
 

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